MASA 2022: Arts et environnement
« Je tends à être à zéro utilisation de sacs plastiques », dixit Odile Sankara
Dans le cadre de la 12ème édition du Marché des Arts du Spectacle d’Abidjan (MASA 2022), Odile Sankara, comédienne, metteure en scène et présidente des Récréâtrales, a animé un panel sur le thème « Femme et Art », le mardi 8 mars 2022. Dans cet entretien, elle souligne l’importance de l’éveil des consciences pour la protection de l’environnement.
Propos recueillis par Julien Tohoundjo
De nos jours, quels sont les défis auxquels les actrices font face ?
Je pense que les défis sont communs par l’humanité entière aux hommes comme aux femmes. Ce sont les défis environnementaux, de nouvelles politiques. Tout le monde a besoin qu’il y ait des changements. Ce sont aussi des défis au niveau de l’éducation et de nos sociétés.
En matière d’éducation environnementale, quelles sont les mesures ou politiques que vous mettez en place pour inciter le public au devoir de l’écocitoyenneté ?
C’est une question très importante à laquelle ont parle, mais il y a moins d’actions par rapport à la question environnementale. Je pense que c’est dans l’art qu’on aborde tous les domaines, les secteurs. Moi, ce que je fais simplement en tant que citoyenne et artiste, c’est au niveau de mon quartier. Dans mon environnement, je demande à ce qu’on ne puisse pas jeter les ordures partout surtout les plastiques. Même dans mon cercle restreint de vie, mon quartier et en famille, je fais attention pour l’utilisation des sachets et les plastique aussi. De plus en plus, je tends à être à zéro utilisation de sacs plastiques. Dans mon voisinage aussi, je sensibilise. Je pense que le travaille que nous devons faire c’est ça. Maintenant, il faut peut-être qu’au niveau des auteurs, nous puissions avoir des textes qui sont écrits pour la protection de l’environnement. C’est ce qu’il faut qu’on fasse et que sur les plateaux, nous puissions jouer. Nous avons la chance chez nous d’avoir le forum et beaucoup de compagnie font des théâtres forums et qui font des sensibilisations et ce sont des outils très forts de conscientisations.
Vous être actrices et auteure de spectacle également. Est-ce que à travers vos créations, vous mettez en exergue cette éducation environnementale ?
Oui, mais pas directement. La création théâtrale, si vous voulez, il faut qu’il y ait un texte pour ça et que l’on s’empare. C’est vrai que moi, personnellement, c’est une question que j’ai entamé avec ma petite sœur puisqu’elle est écologiste et agro écologiste. Mais personnellement, je n’ai pas encore abordé la question. Elle ne cesse pas de me répéter qu’il faut que j’écrive pour cela, mais je ne l’ai pas encore fait. Je compte quand-même le faire bientôt.
Pensez-vous que le Masa peut aussi constituer un cadre pour inciter à l’éducation environnementale chez les peuples qui y participe ?
Absolument ! Il faut que tous ces événements représentent un intérêt pour tout le monde. De même, ils peuvent aussi, quelque part, porter un certain nombre d’enjeux. L’objectif du Masa n’est pas de poser ces questions là, mais c’est un cadre où ceux qui sont dans la défense et la lutte pour la préservation de l’environnement peuvent se saisir du cadre du Masa pour demander un espace et le faire. Parce que seul le Masa ne peut pas tout faire. Mais c’est un cadre approprié pour que les personnes sont sensibles à cette question et qui sont dans la lutte puissent venir s’exprimer. Effectivement, c’est un cadre privilégié.
Le thème de ce festival est : « Les industries culturelles et créatives : le défi des contenus. » Ne pensez-vous pas qu’il ne faut vraiment pas impliquer le secteur de la culture dans les créations, les contenus artistiques ?
Tout à fait. Je suis parfaitement d’accord, parce que tout le monde en parle, mais je crois que c’est le grand défi du siècle. Effectivement, il faut que nous prenions conscience de la gravité de la question. Jusque-là, je pense que tout le monde en parle, mais on ne voit pas la gravité et c’est lorsque ça tombe sur nos têtes, on se réveille et c’est en ce moment qu’on veut attaquer l’affaire. C’est maintenant qu’il faut agir et ne pas attendre le dernier moment. Moi-même, c’est une question que je n’ai pas encore vraiment traité dans mon travail et il faut que je le fasse. J’ai été interpellée par ma sœur et il faut que je le fasse.
Quelle est votre position sur la question des genres ?
C’est une grande question. De mon côté, ce sont des choses qui m’énerve. Je ne vois pas pourquoi on va prendre toute une journée pour se gargariser sur la question. C’est vrai que nous ne sommes pas logées à la même enseigne. Certaines d’entre nous, dans les villages, parce qu’il y a toute une éducation, tout un contexte culturel, sociétal qui font qu’elles n’arrivent pas à s’émanciper. Mais je pense qu’on peut traiter la question autrement aussi. On peut traiter la question des droits de la femme autrement dans le quotidien et ce, dans la manière dont on les écoute, on prend en compte ce qu’elles proposent. Il faut que dans les textes aussi il faut y avoir aussi certaines questions et qu’elles aient des droits aussi. C’est comme après la seconde guerre mondiale, le monde s’est réveillé et a compris qu’il faut donner certains droits à la femme. Je pense que ces choses n’ont pas besoin que l’on consacre un jour et à en parler. C’est un thème sur lequel j’ai du mal à m’exprimer, mais là où je suis d’accord, c’est qu’il y a une énergie féminine mise au service de l’humanité et cette même énergie peut être portée par des hommes. Nous sommes dans des questions fortes parce qu’il y a des sociétés traditionnelles où les femmes sont considérées. Pourquoi venons-nous en arrière sur tout cela ? C’est comme la démocratie. Aujourd’hui, on veut nourrir et enseigner la démocratie. Nous l’avons eu en Afrique, nous le connaissons. Donc, c’est pareil sur la place de la femme. Nous l’avons eu dans nos sociétés traditionnelles. Donc, la question ne doit plus se poser.
Quels messages avez-vous à travers les organisations et institutions culturelles et un rappel sur le rôle de l’écocitoyenneté ?
Partout et dans nos activités et espaces culturels et créatifs, nous ne devons pas oublier de prendre en compte cette question. C’est une question qui va nous rattraper et le réveil va être douloureux. Effectivement, j’interpelle toutes les institutions culturelles et autres espaces de vraiment prendre en compte la question environnementale pour qu’elle ne se détériore pas d’avantage. Parce que la terre nous permet d’exister, de vivre. Elle nous donne à manger et c’est elle qui nous permet de porter des valeurs, nous porte debout. Il est donc important de la préserver.
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