L’agriculture : Une forme silencieuse de pollution de l’environnement ?

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La préservation de l’environnement fait partie des préoccupations majeures de notre siècle.  Ainsi, les expressions telles que ‘’réchauffement climatique’’, ‘’réchauffement planétaire’’, ‘’changement climatique’’, ‘’couche d’ozone’’ ou encore ‘’gaz à effet de serre’’ ne cessent d’être répétés chaque jour. Si pendant longtemps, les causes de ces changements climatiques sont réduites aux questions énergétiques (impact des énergies fossiles : l’extraction, la transformation, le transport et la combustion du pétrole, du charbon et du gaz) ou aux questions industrielles (rejets de déchets biologiques, physiques, chimiques ou organiques), l’agriculture est aujourd’hui  une source silencieuse de pollution de l’environnement.

Par Toundé OGUIDI

Pour une amélioration de la productivité et du rendement, des intrants (insecticides, herbicides, engrais chimiques, etc.) sont utilisés dans le secteur agricole. Ces intrants permettent à la plante de donner tout son potentiel et de produire convenablement.

Et pour empêcher des nuisibles de déranger la plante dans son développement, des pesticides sont appliqués. « Les nuisibles sont ce que nous appelons les pestes. C’est pourquoi nous parlons des pesticides. Ces pestes peuvent être des insectes, et là on aura besoin des insecticides pour réduire la charge de ces insectes au niveau de la plante. Ça peut être les mauvaises herbes et nous parlerons donc d’herbicide » explique Dr Sylvain Dabade, Enseignant-Chercheur à la faculté des Sciences Agronomiques de l’Université d’Abomey-Calavi et spécialiste des risques sanitaires liés aux intrants chimiques.

Toutefois, l’utilisation de ces intrants n’est pas sans impacts sur l’environnement et également sur la santé de l’homme. L’agriculture participe à la destruction de l’écosystème ; que ce soit par la pollution et la dégradation des sols, la pollution de l’eau, ou par la destruction de la faune et même de la flore.

« Il y a certains composés chimiques qui persistent longtemps dans l’environnement, qui ne se dégradent pas et qui constituent des contaminants et polluent l’environnement » affirme à cet effet Dr Sylvain Dabade. Les pesticides appliqués aux cultures s’infiltrent dans le sol et l’appauvrissent ainsi à long terme car, détruisant les microorganismes présents dans le sol. « Ces microorganismes jouent un rôle dans la fertilité du sol. Mais si ces êtres vivants sont détruits, il n’y aura pas de microorganismes pour décomposer de la matière organique » précise-t-il.

 

Ces pesticides désormais dans les sols seront conduits par l’eau de ruissellement puis drainés dans les eaux souterraines et les diverses sources d’eau exploitées, pouvant entrainer une mort ou « une toxicité à long terme de la flore aquatique » selon les mots du Dr Sylvain Dabade. En outre, certaines dérives de la pulvérisation vont s’éparer dans l’atmosphère. D’autres seront transportées par le vent puis déposés à courte et à longue distance dans les régions voisines, pouvant potentiellement les contaminer et constituer de ce fait une menace pour la faune et la flore.

Les impacts sur l’homme ne sont pas négligeables. Il s’agit notamment de la toxicité qui se manifeste sous deux formes : la toxicité chronique et la toxicité aigue. Pour Dr Sylvain Dabade, « la toxicité chronique, c’est une toxicité que nous appelons encore toxicité à long terme. Lorsque vous vous exposez à ça, vous n’avez pas forcément une réaction aujourd’hui. C’est peut être 10  ans, 30 ans plus tard dans votre vie que vous allez voir les effets et généralement ça peut être un cancer ou une mutation au niveau des gênes. La toxicité aigue c’est que vous êtes exposés une seule fois donc une seule dose au contaminant et les effets sont là». 

L’exposition aux contaminants chimiques issus de ces intrants agricoles qui sont soit dans l’environnement ou à travers les aliments que nous consommons ont donc des risques sur la santé humaine. C’est ainsi qu’on « apprend que des gens sont morts et qu’on attribue leur décès à la sorcellerie ou entend que toute une famille a eu une intoxication alimentaire. C’est parfois dû simplement à une toxicité chronique pour le 1er cas ou aigue pour le second » poursuit Dr Sylvain Dabade.

De meilleures politiques pour améliorer les performances environnementales du secteur agricole doivent être adoptées. A cet effet, Dr Sylvain Dabade recommande l’adoption de « bonnes pratiques agricoles, c’est-à-dire respecter la dose maximale des intrants, la fréquence d’application, le temps d’application et récolter quand il le faut ». Ceci, afin de minimiser les risques sur l’environnement et la santé humaine et ainsi permettre à l’agriculture de nourrir une population mondiale en croissance, tout en respectant et en préservant l’environnement.

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