Les résultats partiels de l’analyse des eaux du Lac Toho sont disponibles. Ils ont été rendus publics dans la matinée de ce mardi au Ministère en charge de la pêche. C’est le fruit des travaux en laboratoire pour déceler les causes du drame survenu sur le lac. Il en ressort une intoxication due à des causes endogènes au lac Toho. Sur Terre à Terre Bénin, notre mission c’est de pouvoir rendre l’information environnementale accessible de façon terre à terre et puisque l’actualité s’y prête, on parle de perte massive de poissons au niveau du lac Toho à Athiémé au Bénin et le professeur Michel Boko avec nous aujourd’hui va nous permettre d’en savoir plus, de comprendre ce qui se passe réellement dans des termes très très simples. Qu’est-ce qui se passe à Athiémé professeur ?
Intoxication aigue par contamination chimique venant d’une source endogène au lac par infiltration souterraine. C’est la substance des résultats des prélèvements effectués dans les eaux du lac Toho par le laboratoire central de contrôle de la sécurité sanitaire des aliments.
On sait que le lac se trouve dans une zone qu’on appelle la dépression de la lama et dans cette dépression il y a parfois des endroits où il y a affleurement des eaux… disons…souterraines. Il se pourrait que le lac soit peut-être dans une zone probablement où il y a contact entre les eaux souterraines et les eaux de surface. Et lorsque, vous savez que ces eaux de surface et les eaux souterraines n’ont pas souvent les mêmes types de composition. Il peut y avoir d’autres phénomènes, Il peut y avoir d’autres compositions, d’autres composés chimiques, lorsque il y a remontée peut-être de ces eaux souterraines vers les eaux de surface il y a contact, il peut y avoir apport de composés et souvent ces apports sont souvent en fortes concentrations, c’est ce qui vient souvent de sous terre est souvent en très forte concentration et lorsque ça vient au contact de l’eau, l’effet de dilution est tel que ça ne peut pas absorber tout. Donc ça pourrait expliquer. Je dis toujours c’est des hypothèses qu’on va chercher à vérifier dans les jours à venir.
Il suppose que ce sont des remontées, de relargages comme on dit à partir des couches géologiques cela veut dire que les poissons de ce lac-là sont interdit de consommation à vie puisque les couches géologiques ne vont pas changer.
C’est ce que les résultats donnés veulent dire de façon terre à terre ?
De façon terre à terre ça veut dire qu’il ne faut plus jamais manger les poissons du lac Toho. Parce que les couches géologiques qui auraient empoisonné les eaux ne peuvent pas être changées, ne peuvent pas être remplacées. Donc il ne faut plus jamais manger les poissons du lac Toho. C’est ce que son résul… ses résultats disent.C’est une déclaration assez… C’est assez grave quand même. C’est… parce que on consomme les poissons pêchés dans nos eaux, dans nos marchés, tout le monde les consomme d’ailleurs !
Justement en le disant, il n’a pas fait attention à la gravité de ce qu’il dit. Il dit que ce sont des couches géologiques qui auraient pu empoisonner le lac ! Mais comment on va faire pour alors rendre le lac salubre ? Impossible ! Puisqu’on ne peut pas déplacer le lac, puisqu’on ne peut pas non plus déplacer les couches géologiques qui ont provoqué l’empoisonnement, ça veut dire qu’il ne faut plus jamais consommer les poissons du lac Toho, ni les poissons des autres lacs, lac Han et autres qui se trouvent dans la même dépression ce qu’il dit c’est très grave !
Depuis le temps qu’on connait la dépression de la lama, au moins les premiers sondages remontent aux années 1905. La façon dont on fait les prélèvements, il y a une méthodologie, très précise. Vous prenez les zones, vous prenez les échantillons depuis le sommet jusqu’au fond et vous prenez en même temps les échantillons de la vase pour savoir s’il y a relargage parce que s’il y a élevement si la température de l’eau monte, il y a possibilité que des substances concentrées dans la vase remontent. Mais ces substances qui sont dans la vase, proviennent de l’écoulement terrigène. C’est les eaux de ruissellement qui les emmènent dans le lac. Un exemple simple : Madame Pazou qui est Maître de conférences à l’EPAC, a fait sa thèse en 2004 sur les poissons du lac Nokoué et elle a fait des prélèvements depuis Pabégou, la source de l’Ouémé jusque à Bonou. Et dans les chaires des poissons on a trouvé des doses de concentration d’andosulfan, de calusulfan, 3000 fois supérieures à la dose minimale. Si vous mangez ces poissons, quand c’est frit, ces substances sont lipo solubles, il n’y a pas de problème. Mais quand c’est fumé ou frais, mais vous vous empoisonnés ! Et un jour on va vous dire…
On s’empoisonne à quoi exactement ?
On s’empoisonne aux métabolites des pesticides, c’est-à-dire les substances chimiques qu’on a utilisé, que ça soit herbicides, pesticides, fongicides, qui sont des substances dangereuses pour l’organisme humain. On commence à les concentrer dans notre corps jusqu’au moment où on va avoir des blocages de rein, des maladies de foi, des maladies de ceci ou cela, des cancers du tube digestif, des cancers de l’ovaire, des cancers de la vessie, des cancers du rein, etc etc… C’est à ça, c’est à ça que nous nous exposons en consommant ce genre de produits. Et ce monsieur, ce qu’il a dit c’est extrêmement grave, c’est extrêmement grave mais j’ai l’impression qu’il n’en est même pas conscient. Faut pas que les cadres induisent le gouvernement en erreur. Parce que là c’est dire que effectivement on est dans un domaine d’incompétence ! Et moi je dis et j’affirme que le Bénin n’est pas un désert de compétence. Je lance un appel patriotique, citoyen au gouvernement, pour que les analyses soient refaites dans des structures qui n’ont pas à raconter des coups pour faire plaisir. Parce que c’est la vie du citoyen qui en dépend, c’est la vie du citoyen, c’est la vie, je dis bien c’est la vie, ce n’est pas une question de politique, c’est la vie. On ne va pas envoyer les citoyens à la morgue, pour faire plaisir à un Monsieur. Ce n’est pas possible. Donc il faudrait changer d’optique, il faudrait changer de comportement. Il faut que les béninois, peut-être c’est les gens qui n’ont jamais fait leur service militaire, ils ne savent pas ce que patriotisme veut dire. Merci Madame.
Pour la vie du citoyen, pour la bonne santé de tous, il est donc important de faire des analyses complémentaires et il est important d’être très prudent quant à la consommation des poissons sur nos marchés jusqu’à ce que de façon claire et définitive on soit rassuré par rapport à cette intoxication du lac Toho. Merci de nous avoir suivi, merci Professeur pour toutes ces explications, nous espérons que de façon terre à terre vous savez à quoi vous en tenir désormais quant à ce sujet.