Au Bénin, la croissance démographique implique l’augmentation des moyens de déplacement comme les véhicules, les motos. Les grandes villes sont les lieux où ces engins à deux, trois et à quatre roues sont plus nombreux. Selon les statistiques de l’INSAE, plus de deux millions de motos sont en circulation au Bénin. Chacune d’elles est vidangée au moins une fois par mois parce que l’huile à moteur est indispensable pour le fonctionnement des moteurs. Après usage, l’huile de vidange constitue un danger permanent pour l’environnement surtout sur la biodiversité aquatique. Les huiles de vidange issues des moteurs de véhicules, d’engins et de motos sont des huiles usagées qui contiennent des substances toxiques pour la santé et pour l’environnement.
« Plus que les sachets, les huiles de vidange sont dangereuses et vraiment nuisibles à la santé » a déclaré Paul Agossadou, industriel, opérateur économique. Les métaux lourds, l’aide organique, les phénols, les phtalates, hydrocarbures polycycliques aromatiques (HAP) sont des huiles de vidange très utilisées en Afrique. Elles sont pour la plupart peu biodégradables et doivent être recyclées par des structures appropriées. A l’en croire, Les huiles de vidange sont de nos jours jetées dans la nature, dans la brousse parfois dans les caniveaux. « Des caniveaux, cela atterrit dans les cours d’eau ; ce qui détruit tout l’écosystème, les poissons et autres organismes vivants », regrette Paul Agossadou.
Cette pratique des mécaniciens et garagistes qui rend malade les espèces aquatiques et ensuite les humains est due à l’inexistence des usines de recyclages des huiles de vidange. Au Bénin, le dégât des huiles de vidange sur l’écosystème est déjà considérable. De même, les huiles de vidange exposent la santé des populations à plusieurs pathologies dont le cancer. La présence du chlore peut entrainer la formation de gaz chlorhydrique, acide qui sera dégagé en totalité dans l’atmosphère si les fumées ne sont pas neutralisées. Selon le constat, seulement un litre d’huile usagée peut couvrir 1000 m² d’eau et empêcher l’oxygénation de la faune et la flore dans les océans et cours d’eau alors que le Bénin produit plus de 24 millions de litres d’huile à moteur par an, uniquement pour les motos.
« La teneur en composés aromatiques peut entraîner pour des températures de combustion trop faibles la formation d’hydrocarbures polycycliques aromatiques dont le pouvoir cancérigène n’est pas des moindres » a précisé Paul Agossadou, opérateur économique industriel. Selon les experts, la majorité des huiles à moteur utilisées pour la vidange de nos moteurs sont des huiles recyclées. « La solution à tout cela réside dans le recyclage des huiles de vidange dans le but de limiter leurs inconvénients sur l’environnement. Selon les études 45% de ces huiles de vidange peuvent être régénérées afin de produire des huiles de base entrant dans la composition de nouveaux lubrifiants soit trois litres d’huiles usagées pour un litre d’huile de base. Le restant est incinéré pour récupérer de l’énergie dans les installations industrielles autorisées. De plus, elles peuvent être utilisées comme combustibles de substitution en cimenterie ou dans les centres d’incinération spécialisés. « Des dispositions techniques et organisationnelles ne sont pratiquement pas encore prises pour limiter le tort fait à la nature », relève Brice Massessi.
L’expert propose aux artisans mécaniciens et garagistes d’éviter de déverser les huiles dans les collecteurs d’eaux, dans les fossés ou en vrac dans la nature. Face à la multiplicité des sociétés importatrices des huiles à moteurs au Bénin, il faudra adopter le principe de la gestion des huiles usées qui sera « toute société importatrice ou distributrice d’huile à moteur doit reprendre les huiles usagées qui en résultent pour en assurer le recyclage ou l’élimination dans des conditions environnementales requises imposées par l’autorité compétente » a suggéré l’expert.
Serge LANTEFO