Différence et impacts
L’exploitation des ressources animales aquatiques se fait de manière industrielle ou artisanale. La pêche industrielle est déclarée illicite et met à mal la pêche artisanale, celle promue par la politique des Etats. Quelles sont les caractéristiques de ces deux types de pêche et quels sont leurs impacts dans la vie sociale et économique des Etats et des citoyens ?
Gaston AMOUSSOU
La pêche illégale encore appelée pêche pirate ou industrielle est une pêche qui se déroge aux réglementations en vigueur dans le domaine. Elle est l’opposé de la pêche artisanale et est pratiquée par certains pêcheurs appelés pêcheurs industriels ou chalutiers. Les statistiques mondiales relatives aux activités de pêche illégale révèlent qu’au moins 1 poisson sur 4 est pêché de manière illicite. La pêche Illégale non déclarée et non réglementée (Inn) fait enregistrer en moyenne une perte de 23,5 milliards de dollars à l’économie mondiale chaque année. Il s’agit d’une pêche à but lucratif qui se pratique sur les eaux internationales. En effet, les pêcheurs industriels font fi des formalités juridiques en vigueur pour la pratique de la pêche. Ils n’ont pas de licence officielle leur permettant de pêcher. Ces braconniers de mer ne respectent pas les limites relatives aux eaux territoriales fixées par les pays ou les organisations régionales pour la pêche. Pourtant, ce sont des utilisateurs de grands moyens de pêche, comme des navires de grande capacité allant jusqu’à 38 mètres de longueur et des filets de grande taille, des chaluts. Pour cette forme de pêche, la sortie en mer peut durer des semaines, ce qui donne aux chalutiers le temps de pratiquer une pêche intensive qui permette d’engorger des poissons et autres animaux de mer de grandes comme de petites tailles. La pêche industrielle est une pêche hors normes qui concourt à la surpêche, à l’épuisement des ressources halieutiques. Elle profite souvent de l’inexistence d’un réel système de suivi et de surveillance des eaux continentales par les Etats.
Par ailleurs, la pêche artisanale quant à elle, est une pêche pratiquée beaucoup plus dans les normes, avec des moyens recommandables. Elle utilise des moyens traditionnels comme des barques motorisées, des pirogues de 5 à 15 mètres et des filets de pêche artisanaux. Elle peut se pratiquer sur les fleuves, les rivières mais aussi en mer. C’est une pêche essentiellement nutritive qui fait office d’emploi pour la population riveraine. Elle est aussi rémunératrice et contribue à la réduction de la pauvreté dans les communautés riveraines. Explicitement, le produit de pêche légué par le pêcheur est conditionné (fumage, friture ou séchage) et vendu le plus souvent par des femmes, qui en tirent elles aussi un revenu. Même à la décharge du butin, une tierce main-d’œuvre s’invite à la besogne, ce qui permet également à cette dernière de survivre au quotidien, de cette même activité. Si la pêche artisanale n’apporte presque pas à la caisse des Etats en raison de son caractère rudimentaire, la nécessité de survie et la sécurité alimentaire de la population qui en résultent restent un acquis que les gouvernants entendent sauvegarder durablement. Elle permet une exploitation des richesses halieutiques des pays par des nationaux et non pas seulement au profit des seuls pirates étrangers qui pratiquent une pêche illicite qui ne profite en rien aux pays. Contrairement à la pêche industrielle, illégale, la pêche artisanale est une pêche qui se pratique à petite échelle et favorise une exploitation pérenne des richesses halieutiques. Cette forme de pêche est surtout pratiquée dans les pays du tiers-monde spécifiquement ceux d’Afrique.
La pêche, deuxième activité du secteur primaire après l’agriculture est rudement menacée. La surexploitation amenuise de plus en plus les ressources animales aquatiques. Il est démontré que la pêche industrielle est responsable de cette exploitation exagérée. Toutefois, la pêche artisanale en elle-même est aussi à l’origine de cette surexploitation. Ceci s’explique par l’investissement et l’exploitation sans répit des eaux par la population riveraine.