Et même dans vos spermes

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Et même dans vos spermes  

 

(Inès Kuassi)

Salut à tous ! aujourd’hui sur Terre à Terre Bénin nous nous interessons à une question de santé public. Ici, à la clinique Santé Sud, Docteur Didito Quenum nous attend. Il est sexologue. Et oui ! Nous allons parler sexe sur Terre à Terre Bénin aujourd’hui. On le rejoint, il nous attend pour répondre à toutes nos questions.

[Discussion]

(Inès Kuassi) : Dr Didito Quenum je vous remercie d’avoir accepté l’invitation de Terre à Terre Bénin pour nous parler aujourd’hui de questions assez sensibles, euh, c’est-, aujourd’hui on s’intéresse particulièrement à la fertilité des hommes et vous allez nous dire quels sont les impact de l’environnement sur la fertilité des hommes.

(Didito Quenum) : Merci madame Inès en effet, vous savez, l’être humain interagit en permanence avec son environnement, et toutes ses fonctions vitales, cognitives sont aussi liées ; et l’une des fonctions les plus importantes chez l’être humain, c’est la reproduction, c’est elle-même qui assure la pérennité de notre espèce humaine. Evidemment, cette fonction sera aussi en interaction avec l’environnement. Et si, la fonction reproductrice de l’être humain, notamment l’être humain de sexe masculin est assez intimement liée à son alimentation, puisque tout ce que nous avons dans notre organisme est produit à partir de ce que nous consommons. Un exemple très simple pour booster la fertilité chez les hommes, on parle très souvent de la vitamine E, laquelle aide à pouvoir booster la capacité reproductrice de l’homme. De la même manière, il existe de nombreux aliments riches en un certain nombre d’acides aminés qui vont permettre quand même d’avoir de bonnes cellules reproductrices, d’avoir un bon liquide séminal. Mais la question va un peu au-delà simplement des aliments, parce que nous sommes exposés à beaucoup de substances que nous ingérons au même moment que nous ingérons nos aliments. Et ces substances par contre vont avoir des effets néfastes sur notre organisme de façon général.

(I) : Quel genre de substances par exemple ?

(D) : Par exemple, il y’a un phénomène qu’on voit à Cotonou qui est tout simplement la vente des hydrocarbures au bord de la route. Vous avez cette personne qui vend des hydrocarbures au bord de la route et qui après avoir servi un motocycliste ou un automobiliste se dirige….

(I) : Vous parlez de l’essence que l’on met dans les véhicules…

Ça, c’est un exemple tout simple.

(I) : Oui.

(D) : Voilà, après avoir servi cette essence, après avoir eu des traces de cette essence sur les mains avec les composés aromatiques et benzéniques qu’il contient, va prendre sa nourriture avec cette même main, et donc va ingurgiter un peu de ces composées organiques. Et de ‘un peu’ à ‘peu’, on cumule des quantités non négligeables qui peuvent avoir des conséquences sur différents organes, notamment et en particulier les organes où les cellules se multiplient rapidement : Il s’agit de la moelle osseuse qui nous permet d’avoir du sang dans l’organisme, il s’agit aussi des organes reproducteurs, notamment chez l’homme où on produit les spermatozoïdes en permanence. Sur un point de vue purement physiopathologique, on sait que ces substances sont nocives pour les cellules à multiplication rapide. Et comme on sait qu’au niveau de la fonction reproductrice masculine il y’a des cellules à reproduction rapide, on peut prédire que ces substances auront un impact négatif là-dessus.

(I) : Alors, est-ce que vous pouvez dire qu’il serait plus intéressant de consommer bio ?

(D) : Là, ça fait un peu plus facile à dire du coté bio parce que là ça fait appel aux OGM et aux pesticides. Et en prenant les pesticides par contre, nous savons avec certitude que ces substances pour pas mal d’organes de notre corps, mais en particulier les organes reproducteurs. Il y’a beaucoup de pesticides qui agissent, notamment au niveau des organes reproducteurs eux-mêmes, notamment au niveau des testicules avec la production des spermatozoïdes, ils interfèrent dessus, mais ils interfèrent aussi sur les fonctions endocriniennes générales. On les appelle les perturbateurs endocriniens. On les trouve dans ces pesticides, on les trouve dans nombreux autre composés auxquels nous sommes en contact tous les jours. Et ces perturbateurs endocriniens vont modifier toute la fonction du cycle reproducteur, parce que vous savez, la fonction reproductrice, elle est commandée par les hormones ; chez l’homme il y’a la testostérone qui intervient, il y’a aussi la FCH, la LH et la GLRH, c’est un peu scientifique mais disons juste qu’il y’a les hormones qui interviennent. Et chez la femme aussi. Donc lorsque le fonctionnement de ces hormones sont perturbés par ces substances, composés aromatiques et autres, on peut s’attendre donc à avoir une baisse de la fonction de reproduction chez les êtres humains, particulièrement les êtres humains de sexe masculin. Encore que ces substances aient aussi la propriété d’altérer directement la production des cellules reproductrices.

(I) : Donc docteur Quenum, est-ce à dire que le fait qu’on consomme ou qu’on soit exposé aux pesticides sur notre alimentation agit sur la qualité du sperme des hommes.

(D) : Bien sûr. Il y’a de plus en plus d’études dans le monde qui montrent que les pesticides, au nombre de leurs effets néfastes, ont aussi un effet sur la qualité des cellules sexuelles qu’on retrouve chez l’homme. Il y’a de plus en plus d’êtres humains chez qui les examens de spermogramme révèlent des formes de spermatozoïdes anormales, des formes de spermatozoïdes peu mobiles, et tout ça c’est autant de motifs de consultation de fertilité dans les services d’aide médicale à la procréation. Et on constate au fil des décennies, que le nombre de personnes qui présentent ce genre de problème de difficulté de conception, ce nombre est de plus en plus élevé, au même rythme que notre société s’industrialise, et que nous sommes de plus en plus exposés aux pesticides  utilisés massivement dans l’agroalimentaire et aussi dans la pollution quotidienne de notre environnement parce qu’aujourd’hui c’est difficile de parler bio, parce que même en produisant du bio dans un environnement pollué par les gaz d’échappement, vous vous retrouvez à consommer des aliments riches en métaux lourds qui interviennent aussi, enfin, qui interfèrent aussi avec le bon fonctionnement des organismes et vont donc aider vos cellules à vieillir plus facilement, créer des cassures chromosomiques pour donner des anomalies génétiques, et j’en passe. Beaucoup de choses que l’on pourrait évoquer.

(I) : Alors, parlant de ces pesticides, on sait qu’en Europe, beaucoup de lutte ont été menées, notamment par rapport au bifosate qui est hautement cancérigène. Et malheureusement, même en Europe, on a décidé d’utiliser encore le bifosate. On ne parle même pas de qui se passe au Bénin. Qu’est ce que le citoyen peut faire ? et particulièrement les hommes, qui sont inquiets par rapport à leur santé reproductive ?

(D) : Alors c’est assez difficile. C’est assez difficile parce que malheureusement, ces aliments qui sont cultivés avec des pesticides, parmi lesquels le plus toxique, vous l’avez évoqué tout à l’heure, le bifosate, ces aliments sont bon marché en général. Ils coutent moins chère parce que les producteurs sont moins confrontés aux aléas des nuisibles que ceux qui cultivent bio. En conséquence leurs produits coutent moins chère et nous savons que nous sommes dans une société de consommation ou tout le monde est à la recherche du meilleur rapport qualité/prix ; mais en général en s’accroche beaucoup plus au prix, et on ne fait pas attention à la qualité. A partir de là, j’inviterai quand même les citoyens, surtout les femmes, pas les hommes, parce que nous sommes encore dans une société où ce sont les femmes qui font le ravitaillement, qui font la cuisine, et les hommes consomment. Donc j’inviterai aussi bien hommes, mais surtout les femmes à vraiment prêter attention à la qualité des produits qu’ils vont acheter et à essayer au mieux de consommer du bio. C’est plus cher, c’est difficilement accessible sur nos marchés, mais s’ils ont l’opportunité de trouver une source d’approvisionnement en produits bio, ce serait l’idéal. Dans certaines villes du pays, notamment là où il y’a des congrégations religieuses, des monastères, on sait que ces derniers font de leur mieux pour essayer de produire du bio. Nous savons aussi qu’il y’a le projet Songhaï à Port Novo qui essaie quand même au mieux de ne pas utiliser de pesticides artificiels, importés, toxiques….

(I) : …Chimiques

(D) : Donc-, voila chimiques, c’est quelques petites pistes quand même pour aider les concitoyens sans vouloir faire de publicité particulière bien entendu.

(I) : Et dans ce sens je vous inviterai également à regarder notre récente vidéo « une diplomate dans les champs » pour avoir accès à ces produits bio.

Merci beaucoup, Dr Didito Quenum, vous avez donné quelques pistes pour que les hommes puissent prendre soin de leur sperme et puisse prendre soin aussi de leur progéniture, parce que pour pouvoir enfanter il faut déjà qu’on commencer par adopter ces précautions-là.

Merci beaucoup d’avoir accepté l’invitation de Terre à Terre Bénin, merci de nous avoir suivis, si vous aimez cette vidéo, partagez-là, abonnez-vous, et surtout protégez notre environnement. Au revoir !

(D) : Merci.

 

 

 

 

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